AUZON - HAUTE LOIRE

wpcb8c1a5d.png

Chargement...

Auzon (Uzou en occitan), est une commune française, chef-lieu du canton d'Auzon, dans le département de la Haute-Loire en région Auvergne. Ses habitants sont appelés les Auzonnais ou Alzoniens, ils portent le surnom de « mange-prunes ». La devise du pays est « osons-toujours ». La fête patronale est le 10 août.


Auzon fait partie de l'arrondissement de Brioude et de la deuxième circonscription de la Haute-Loire. Le canton a une superficie de 155 km2, son altitude s'étageant entre 400 et 1 100 mètres ; il est limitrophe du département du Puy-de-Dôme.


Histoire

Le Brivadois, ouvert sur le sud est resté attaché aux valeurs romaines que les grandes invasions ne réussiront pas complètement à gommer. Encore au moment des grands chantiers du xiie siècle, l’art et l'architecture relèvent cette influence. Cette relation à l’antique est ici encore soulignée par le réemploi d'un élément gallo-romain conservé derrière un contrefort de l'église Saint-Laurent. Ce bloc de pierre est gravé d'une grande inscription en lettres latines, malheureusement fragmentaire et datée des trois premiers siècles après J.-C. Sa présence isolée dans le mur de l’édifice et les quelques éléments de mobilier archéologique sont autant d'indices d'un processus de romanisation et interroge l'évolution de ce milieu depuis l'Antiquité.


La ville doit sans doute sa naissance à sa position privilégiée, placée sur la marche du Livradois en contact avec la plaine et la montagne. Cette colline domine la rive droite de l'Allier, près d'un espace relativement peuplé et jouit de précieux atouts : des ressources minières, des produits forestiers, une position stratégique liée au contrôle de la rivière. Il serait cependant vain de vouloir expliquer le développement de la cité par ces seuls facteurs.


Moyen Âge

Durant les invasions, la région des antiques oppida n'est que peu touchée par les raids normands. Le réseau d'anciens castrum déjà cités dans les annales à l’occasion des campagnes militaires royales, ont encore réussi à jouer leurs rôles défensifs. Ces sites de hauteur, avantagés par des fortifications naturelles, ont surement pu profiter de l'implantation de communautés religieuses précoces comme d'individus migrants pour accroître la densité des populations environnantes25.


Dès l'heure où de nouvelles constructions remplacent les anciennes forteresse publiques du haut Moyen Âge et que s'organise le réseau des forteresses vicomtales, apparaît dans une documentation écrite encore très fragmentaire une première citation d'Auzon et de son château. Datée de la fin du xe siècle, cette évocation précoce dans une notice du cartulaire de l’abbaye de Sauxillanges, indiquant la construction d'une forteresse suggère, à l'instar du castrum de Vieille-Brioude, qu'il s'agit de l'une des plus anciennes forteresses secondaires du Brivadois. Malheureusement, l'absence de textes plus précis (et l'absence de recherche archéologique) empêche d'en reconstituer plus précisément les origines. Cependant, l'état des connaissances sur les institutions politiques de l'Auvergne laisse entendre que depuis longtemps déjà, les comtes avaient utilisé à leurs avantages ces sites stratégiques.

Les changements socio-politiques de l'an mil ont sans doute motivé la restructuration du site carolingien. Un camp fut vraisemblablement développé afin de regrouper des troupes chargées de surveiller les environs et organiser des opérations militaires. Autour de ce nouveau centre, une nouvelle hiérarchie nobiliaire se dessine. Ces hommes d'armes (milites) qui ambitionnent comme la noblesse, proches des familles comtales et de leurs vassaux, prennent le nom de cette forteresse et la détiennent maintenant à titre héréditaires. L’influence des chevaliers avait remplacé celle des vicaires (ou viguier) qui n’exerçaient plus leurs fonctions au nom du comte. Ainsi, Hugues, vicaire d'Auzon, n'est plus qu'un lointain représentant des anciens auxiliaires de justice qui s'étaient substitués au cours du xe siècle au pouvoir central défaillant.


Dans cette viguerie naissante se forge rapidement une nouvelle structure sociale déstabilisant l'ancienne organisation judiciaire. Ce château, bien qu'assurant toujours refuge et protection, devient une base d'exploitation. Il incarne à lui seul la totale autorité qu'exerce maintenant la caste des guerriers sur les humbles. Se dessine alors une nouvelle circonscription territoriale qui restera gravée pour longtemps dans la géographie historique du pays. Les premiers chevaliers du lignage des d’Auzon que nous livre la documentation du milieu du xie siècle se nomment Bompar et son fils Bernard26


Les « acquisitions » progressives des « Auzon », à mesure que se tisse le maillage des relations de la noblesse féodo-vassalique, vont aboutir à la formation d'un vaste patrimoine  : ils sont « chasés » sur les deux rive de l'Allier, dans leur fief de Rilhac planté sur une terrasse alluviale, et possèdent en partie les domaines de Auzat-sur-Allier, Sainte-Florine, Lempdes27, Vergongheon, Lorlanges et Chabanne, qui ferment l'accès à la plaine de Brioude. Les familles de Papabeuf de Domeyrat , de Paulhac et certainement Leotoing, s'allient avec celle d'Auzon. Au xiiie siècle, le terrier de la famille regroupe de nombreux domaines, droits et péages éclatés géographiquement entre La Chaise-Dieu et le Lembronnais, près de Paulhaguet à Brioude, Nonette. Les "Auzon" posséderont également une seigneurie dans la Limagne clermontoise près de Montmorin.


Époque royale et princières aux temps des apanages

Sur fond de conflit entre l'empire anglo-angevin et le roi, et précisément depuis 1122, date de l'intervention en Auvergne de Louis VI affirmant son autorité sur les grands seigneurs de son domaine, la politique royale devient plus active et débouche à plusieurs reprises sur l'intervention de l'armée. En 1152, l’Aquitaine, dont dépend traditionnellement l'Auvergne, devient avec le mariage d’Aliénor d’Aquitaine et Henri II de Plantagenêt une nouvelle province anglaise. Pendant une trentaine d'années, l’étendue entre Loire et Allier, séparant le comté d'Auvergne et celui du Forez, devient pendant quelques années une zone tampon entre les deux royaumes.


En réaction aux conflits opposant les partisans des deux branches de la famille comtale, Gui Dampierre, sous les ordres de Philippe Auguste, s’empare par la force d’une grande partie de la vallée de l’Allier. La place forte passe définitivement dans le domaine royal sous la tutelle des Capétiens. Le roi s’alliant avec l’évêque de Clermont corrige ses vassaux rebelles et reconquiert l’Auvergne. Le renouveau de l'autorité monarchique permet alors d’affaiblir le pouvoir comtal et de minimiser l'hégémonie des acteurs du système féodal.


La partie du comté annexée par le roi, la « terre royale d'Auvergne », qui aura Riom comme capitale, devient sénéchaussée en 1213.


Le roi établit le bailliage d'Auvergne et cette région intermédiaire de plaine, de terres défrichées et de zones pastorales, devient dès avant 1277 le chef-lieu d'une prévôté28.


Afin de rendre justice et collecter l'impôt, l'administration royale, s'appuyant sur le château et sa prison, établit un centre administratif et décisionnel. À en juger au nombre de seigneuries dépendantes de l'importante prévôté d'Auzon, le roi pense assurer l'ordre et la sécurité sur une partie de la Petite Limagne et faire participer une grande partie de l'ancien pagus Libratensis, aux charges financières du royaume. Avec le rattachement effectif de l'Auvergne à la Couronne, la place forte devint un « bastion politique » des monarques de France.


La circonscription administrant 59 paroisses s'étend sur la juridiction des puissantes seigneuries de Rochesavine, Baffie et Viverols ou encore Ambert et Saint-Bonnet. Avant le début du xve siècle, cette prévôté porte ses limites jusqu'à celles du Forez et du Velay et s’étend sur environ 1 200 kilomètres carrés.


La charte de franchise.

Le mouvement politique qui marque tout l'Occident du xiie siècle, amorce une nouvelle étape dans le développement de la citadelle d'Auzon. Cet endroit est un lieu d'échange entre la plaine et la montagne facilitant la circulation des marchandises. Avec le développement du commerce, une petite bourgeoisie prend de l’importance. Le système seigneurial est contraint de composer avec elle et lui accorde, ainsi qu'aux hommes du domaine sans doute, certains droits définis par écrit. Elle sera constituée au milieu du xiiie siècle. Alphonse de Poitiers, l'héritier des terres d'Auvergne, et Bompar d'Auzon ratifieront cette charte. Ils accordent ainsi aux habitants leur franchise communale. Ceux-ci ont d'ores et déjà le droit d'élire leurs consuls afin d'être représentés en une maison commune. Les habitants sont maintenant aptes à intervenir sur des dispositions prises en vue de l'organisation de la cité, de la sauvegarde de leurs institutions et de leurs coutumes. C'est le germe de la « commune » d'Auzon, avec des valeurs « citoyennes » et un sentiment d’appartenance à une communauté. Cette charte suppose aussi une réorganisation des structures défensives existantes sur l'éperon au profit des habitants affranchis. Le plan de la ville actuelle laisse toujours transparaître la ligne de fortification extérieure de l'enceinte qui séparait les vieilles murailles de la ville haute du faubourg populeux.


La colline a rapidement acquis la physionomie d'un petit centre urbain. Auzon possède une léproserie29 puis apparait un l’hôpital30, et constitue un centre religieux d'importance jouissant du prestige de son titre de coure royale. C'est aussi un marché couvert dans une ville de marchands pouvant répondre aux besoins de la région avoisinante. Une communauté juive ayant un sauf-conduit dans la prévôté est même évoquée au xiiie siècle31. Un autre indice de cette présence se conserve dans la toponymie ancienne par le lieux-dit au nom plutôt évocateur de « creux des Juifs », qui pourrait laisser penser à l'installation de l'un de ces groupes en marge des prévôtés de Brioude et d'Auzon.


Branche cadette d'Auzon dite de Montravel

À la fin du xiiie siècle, la co-seigneurie d'Auzon est « transmise » dans la maison de Montmorin. La famille d'Auzon s'alliera également avec celle des Montravel.


Auzon est une terre d'apanage et se trouve incorporée en 1360 parmi les possessions du Duché d'Auvergne. Ainsi, aux côtés des princes de la Maison de France, d'autres grandes familles aristocratiques auvergnates vont se succéder.


Thomas de La Marche

Jean II de France

Jean Ier de Berry

En 1356, Jean II le Bon nomme Jean Ier de Berry, son troisième fils, lieutenant du Roi en Languedoc, Auvergne, Périgord et Poitou. Il lui adjoint Louis II de Bourbon pour le suppléer. Ils sont tous deux proches parents de Geoffroy de Montmorin, seigneur d'Auzon qui furent un temps otages, ou prisonnier du roi d'Angleterre laissant ainsi l'Auvergne comme la châtellenie d'Auzon privée de son commandement.


De 1416-1527, la duché d'Auvergne passe aux ducs de Bourbon.

La Bonne Ville d'Auvergne[modifier | modifier le code]



Chef de France.

Au cours du xive siècle32, Auzon bénéficie d'une reconnaissance du pouvoir  : la cité figure dans la liste des « treize bonnes villes » de Basse-Auvergne. En 1360, avec la ratification du traité de Brétigny, l'Auvergne devient une zone frontière du royaume de France. Le réseau de bonnes villes prend une place stratégique et accroît son emmuraillement.


C'est depuis longtemps une ville close et autonome avec une municipalité consulaire ; la communauté des habitants possède une milice et peut assurer sa défense et participer à celle de la région. Nombre de ces bonnes villes comme Auzon, possédaient un rôle administratif et judiciaire. Certaines se démarquaient par leurs antiquités ou l'ancienneté de leurs privilèges, d'autres par leur caractère commercial, importants critères pour l'obtention de cette promotion.


Parmi ces nouveaux droits, la cité dispose, entre autres, celui de présenter des députés aux « États d'Auvergne » à Issoire et d’être représentée à l'Assemblée des bonnes villes33. Elle doit cependant participer fiscalement et militairement à l’effort de guerre.


Auzon, comme Langeac, représente un modèle de développement et participe étroitement à maintenir le dialogue entre le roi et le plat pays. La ville devient un réel contre-pouvoir profitant de ses privilèges, devant lesquels le roi se plie souvent sans discussions. En France, les bonnes villes avaient le droit de porter sur leur blason un chef de France, c’est-à-dire « d'azur semé de fleurs de lys d'or ». Une tapisserie héraldique située sur un arc triomphal de la collégiale Saint-Laurent illustre peut-être l'augmentation accordée à la ville.


En 1412, année de la signature de la Paix d'Auxerre, le roi Charles VI instaure un nouveau marché et plusieurs foires.

En 1410, les habitants d'Auzon exposent au roi leur besoin d'établir un marché tous les mardis et également trois foires par an. Cette requête nous permet d'avoir un bref descriptif de la ville d'alors. Elle est décrite comme riche et sûre, placée près des grandes voies de circulation sans oublier son port marchand et ses navires sur l'Allier.


La création en Auvergne de nouveaux marchés à la fin du xive siècle - début xve siècle, marque certainement une reprise de l'économie de certaines villes, motivée par une noblesse forte et assurée par les structures fortifiées villageoises, qui permettent de protéger les populations environnantes et relever les finances. Ces décisions royales occupent une place importante dans la stabilité de la ville, elle concourent à sa prospérité et structurent sa trésorerie.